Le Nashi : Le paysage viticole vu par Myriam Laidet
Doctorante par le projet dans le domaine du paysage
Myriam Laidet a intégré en septembre dernier le programme de doctorat par le projet de l’école doctorale Arts, Humanités, Sciences sociales, au sein du Laboratoire de recherche en projet de paysage (Larep) de l’École nationale supérieure de paysage, pour y réaliser une thèse dans la mention paysage. Nous l’avons rencontrée le 1er mars afin qu’elle nous présente son parcours professionnel, son projet de thèse et ce qui le lie au paysage et aux thèmes portés par le Larep.
Voici un extrait de sa rencontre au grand carré du potager du roi. Pour retrouver l’article dans son intégralité
Quel est le sujet de votre thèse ?
Je réalise actuellement une thèse sur le paysage culturel viticole dans le bien Unesco du Val de Loire et je vais travailler à sa caractérisation et à sa mise en valeur à partir de quatre sites pilotes. Je vais utiliser notamment la méthode du plan de paysage et je vais poser l’hypothèse suivante : un plan viticole de paysage peut-il accompagner l’AOC (appellation d’origine contrôlée) dans le renforcement de la résilience d’un vignoble et de la reconnaissance de sa valeur culturelle ?
Je vais tenter de démontrer que le paysage viticole est une valeur culturelle et qu’elle peut fonder une stratégie publique de protection et de valorisation de ce vignoble. J’ai choisi cette approche car, entre 1997 et 2015, 14 vignobles – la Bourgogne, la Champagne, Saint-Émilion, Langhe-Roero Monferrato, Cinqueterre, le val d’Orcia (Italie), la vallée du Haut-Rhin moyen (Allemagne), les terrasses de Lavaux (Suisse), la vallée de la Wachau (Autriche), la région de Fertö Neusiedlersee (Autriche / Hongrie), la région de Tokaj (Hongrie), la vallée du Haut-Douro et l’île du Pico dans l’archipel des Açores (Portugal) et le Val de Loire (dont la vigne est une composante du bien) – ont été inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco. Cette inscription montre que la valeur culturelle du paysage viticole est reconnue. Elle est fondatrice du vignoble et pourrait lui permettre de mieux exister, d’être plus visible et sans doute d’être plus résilient à terme au changement climatique.
Le Val de Loire est inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2000. La vigne est une des quatre composantes du paysage, en lien avec la culture fluviale, l’art des jardins et des parcs, et la qualité de ses châteaux et de ses villes.
Je cherche à approfondir les spécificités de la valeur culturelle de la vigne en Val de Loire. Concrètement, je vais explorer le fait que cette valeur est rattachée à la fois au fleuve, car la Loire, par son écosystème et son histoire fluviale, détermine l’évolution du vignoble, et au fait d’être très marqué par la culture du jardin (XVIe-XVIIe siècle) et du parc paysager (XVIIIe-XIXe siècle). En effet, avec la transformation des « maisons aux champs » en hôtels de villégiature intégrant la composante viticole dans leur parc, il y a eu une évolution du jardin au parc. La valeur universelle exceptionnelle du bien Unesco sur le site de Savennières – Béhuard (Maine-et-Loire), vue oblique, 2016 – crédits : Mission Val de Loire Patrimoine mondial (L.-M. Coyaud – M. Laidet) & J.-M. CurvaleLe site qui démontre le mieux cette hypothèse est Savennières, une appellation au sud d’Angers qui s’étend sur 300 hectares et qui englobe 17 lieux de villégiature avec leurs jardins et leurs parcs. La trame paysagère de Savennières témoigne de l’évolution de la fabrique viticole au fil des siècles. Cette réalité est à rapprocher du constat que le Val de Loire possède le taux le plus élevé de vignerons engagés dans des démarches de certification environnementale (plus de 80 %).
L’héritage aurait-il joué un rôle dans la gestion du vignoble ?