RETOUR DU SIVAL : DES LEVIERS AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

RETOUR DU SIVAL : DES LEVIERS AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Le Sival à Angers retrouve sa fréquentation d’avant Covid avec plus de 25 000 visiteurs, 703 exposants et 38 000 m² de surface. La viticulture n’est pas en reste et de nombreux sujets concernent les bio. Focus sur une partie du projet Climatveg(1) et des travaux menés par l’ATV 49 pour trouver des leviers au changement climatique : hauteur de troncs, taille tardive et rognage de haie foliaire.
La bio, toujours bien présente au Sival. (© F. Rose)
« Au sein de Climatveg, nous tentons d’identifier les leviers d’adaptation au changement climatique les plus pertinents et cohérents en termes économiques, introduit Thomas Chassaing, conseiller viticiole du Maine-et-Loire (ATV 49), et pilote d’un volet pour la viticulture. Nous étudions notamment les aspects liés au gel et à l’obtention des meilleurs qualités œnologiques des raisins »
Des informations intéressantes lors de la conférence de restitution du projet Climatveg. (© F. Rose)
CONTRE LE GEL : DIFFÉRENTES HAUTEURS DE TRONCS
Chez une vigneronne faisant partie d’un groupe de viticulteurs du projet Climatveg, des troncs sont montés jusqu’à 110 cm (hors AOP), sur une parcelle très gélive de grolleau. Ils sont comparés à une conduite classique à 60 cm. « Les objectifs de cet essai étaient de limiter l’impact du gel, mais aussi de diminuer la pénibilité au travail, et d’allonger le cycle du raisin en réduisant la haie foliaire », présente le conseiller. Des mesures de températures diurnes (durant le mois d’avril 2022) présentent des écarts entre les deux conduites, allant le plus souvent jusqu’à -2 °C pour la conduite haute. Et lors de prises de températures matinales, la conduite haute présente +0,2 voire +0,3 °C dans la zone des bourgeons des troncs hauts. « Nous savons que cela ne suffit pas en cas d’un gel très fort, mais en cumulant différents degrés, on peut réussir à gagner jusqu’à 1 °C, ce qui peut aider. »
ET DES DATES DE TAILLES DIFFÉRENTES
Des essais sur différentes dates de taille sont aussi à l’étude : sur une parcelle de chenin, cépage connu pour débourrer tôt parmi les variétés de la vallée de la Loire. Les expérimentateurs comparent les effets d’une taille hivernale (le 15 février), à une taille en deux fois (14 février et 15 avril) et une taille tardive au 15 avril. « Nous n’avons pas observé de différences significatives en 2022 sur les statuts physiologiques des plantes, ni sur les rendements, indique Thomas Chassaing. Mais un suivi pluriannuel est nécessaire pour vérifier les potentielles pertes de vigueur de ces vignes dans le temps. » Concernant les degrés potentiels, la taille tardive et en deux fois présentent 0,6 de degré potentiel de moins comparé à la taille hivernale et 48 % d’azote assimilable en plus. « De même ce sont des tendances, à voir si cela se confirme. Il faut du temps pour avoir des résultats robustes, surtout en cultures pérennes. »
Présentations des résultats des projets au Sival. (© F. Rose)
DIMINUER LA HAIE FOLIAIRE
Des expérimentations regardent aussi ce qu’il se passe lorsque les haies foliaires n’ont pas la même taille. « Des résultats d’études en Suisse, en Italie et en Alsace montrent que la taille de la haie influe sur les carences azotées, les degrés potentiels, l’équilibre des moûts et le stress hydrique. » En 2020 sur grolleau gris, l’ATV 49 compare une haie témoin complète, avec une haie rognée à 30 ou 50 %, et ce, au stade fermeture de la grappe. « Nous avons de très grosses pertes de rendement sur la modalité rognage à -50 %. Mais très peu (-10 %) sur celle à -30 %. » En revanche, les résultats sont probants pour les degrés potentiels : -1,4° TAVP sur la modalité -30 % et -2,7 pour -50 %. Et de meilleurs taux d’azote assimilable se notent aussi : 201,4 mg/L et 193,9 mg/L pour les modalités 50 et 30 % contre 135,4 en haie foliaire totale.
INFLUENCE DU STADE DE LA VIGNE ET DU CÉPAGE ?
« Des pertes de rendements ne peuvent pas s’envisager, ainsi, nous avons effectué de nouveaux essais en 2022, cette fois sur chenin (sur riparia en parcelle assez profonde), et avec un rognage plus tardif, aux alentours de la véraison », décrit le conseiller viticole. Idem, une réduction à 50 % enlève 71 cm de haie, une autre à 30 % diminue de 43 cm la hauteur de végétation. Ces modalités sont comparées à une haie complète. « Nous n’avons pas observé de différences significatives de rendement pour nos trois modalités. Ce qui est encourageant. Mais attention, il y a peut-être un effet cépage, c’est à vérifier. Et nous devons voir si cela se confirme en 2023. » Les résultats montrent une augmentation de l’acidité totale de +0,2 g/L, de +0,55 g/L d’acide malique et – 0,8 % vol au maximum pour les modalités rognées. « Quelques différences se notent aussi pour l’azote assimilable, mais nous étions déjà dans un contexte d’azote assez bas. » Concernant les dégustations de baies, avec une vendange au même jour, en sous-maturité, « on note peu de différences majeures, si ce n’est sur des pépins moins homogènes, une peau plus épaisse et des maturités aromatiques un peu moins poussées sur les modalités rognées. Il aurait peut-être fallu les vendanger 5 à 8 jours plus tard. »
Frédérique Rose
(1) Le projet Climatveg, financé par les Régions Bretagne (et Ademe) et Pays de la Loire, est porté par Vegepolys Valley. Il vise la transition et la durabilité des systèmes de productions végétales face aux changements climatiques.
Dans Vitisbio 19 à venir, retrouvez de nombreuses présentations de matériels et intrants vus au Sival pouvant vous intéresser !

SOURCE : https://m.vitis.wd29.fr/email/view/63dac793bd7bf675382061

VITISBIO

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